Limiter les troubles du comportement lors des trajets en voiture

Limiter les troubles du comportement d’un enfant autiste lors des trajets en voiture demande préparation, structure et adaptations. Voici des stratégies concrètes pour rendre le voyage plus agréable.

L'enfant

Limiter les troubles du comportement lors des trajets en voiture

Préparer l’enfant à l’avance

Utiliser un planning visuel avec des pictogrammes pour montrer les différentes étapes du trajet (départ, arrêts prévus, arrivée…).

Ces étapes doivent être fixes pour éviter les changements de dernière minute qui pourraient occasionner une incompréhension et donc des troubles du comportement. Anticiper les changements le plus tôt possible en ayant à portée de main les pictogrammes adaptés en fonction des changements éventuels.

Expliquer la destination à l’avance : où vous allez, combien de temps cela durera, qui se trouvera là-bas et pourquoi.

Le tout en utilisant des supports de communication adaptés à son niveau de compréhension.

Créer un environnement sécurisant

Installer une routine de départ stable (exemple : toujours mettre la ceinture en premier, dire "on part", écouter une chanson qu’il aime…).

Utiliser des objets rassurants : doudou, couverture sensorielle, jouet préféré.

Prévoir un casque anti-bruit ou des bouchons si l’enfant est sensible aux sons du moteur, de la route, etc.

Éviter au maximum les odeurs fortes dans l’habitacle (désodorisant, vapoteuse, nourriture, parfum, odeur de tabac…).

Si la logistique le permet, laisser une place libre entre l’enfant et les autres passagers. Éviter, également, de positionner l’enfant qui pourrait avoir des comportements inadaptés derrière le conducteur.

Gérer les différents besoins

Utiliser des supports visuels

Des cartes de communication visuelles pour que l’enfant exprime ses besoins (j’ai faim, pause, musique, je suis malade …).

Une horloge visuelle ou un minuteur pour indiquer le temps restant.

Une affiche plastifiée représentant le trajet avec une image de petite voiture à déplacer en fonction du temps restant peut-être disposée sur l’arrière du siège en face de l’enfant. Les arrêts peuvent y figurer également.

Gérer les besoins sensoriels

Si l’enfant cherche des stimulations ou s’ennuie : prévoir un sac sensoriel (balles, textures, fidget toys, doudou lesté, objets à mordre…).

S’il est hypersensible : minimiser les stimulations (pas de lumière directe, musique douce, pare-soleil…).

S’il est hyposensible : prévoir un casque pour lui permettre d’écouter sa musique ou regarder un film avec un lecteur dédié.

Sensibiliser la fratrie, qui peut voyager avec l’enfant à l’arrière, à ne pas trop le solliciter pour éviter la surstimulation.

Renforcer positivement

Offrir un renforcement à l’arrivée : félicitations, petite récompense, activité préférée...

Utiliser un système de jetons pour renforcer les comportements calmes, l’attente pendant le trajet ou encore la gestion des transitions pendant les pauses.

Faire des pauses

Sur les trajets longs, prévoir des pauses régulières dans un endroit calme et prévenir à l’avance que la pause va arriver. Éviter les aires bondées afin de prévenir une stimulation trop intense et rendre la transition vers le véhicule difficile.

Si l’accès à une aire de jeu est possible, il faudra prévenir du temps dont il dispose pour jouer puis reprendre un temps calme pour expliquer la suite du parcours. Si le fait de quitter l’aire de jeu est trop compliqué, il faudra trouver un renforçateur pour la suite. Soit, un nouvel arrêt sur une aire de jeu soit, une activité qu’il aime en fin de parcours.

Utiliser une application GPS adaptée pour identifier des lieux sûrs à proximité.

Lors des pauses, il faudra s’assurer que l’enfant dispose de ses compensations (casque anti-bruit, lunettes de soleil ou/et casquette, doudou…) pour faire face aux agressions de l’environnement. Le passage aux toilettes en station-service peut aussi être compliqué : les sèches mains bruyants, les odeurs de détergents, d’essence, de nourriture…

Assurer la sécurité de tous

S’assurer que le port de la ceinture est confortable et que son réglage est adapté à la taille de l’enfant, afin d’éviter les tentatives de détachement. Des coussins de ceinture peuvent être utilisés pour plus de confort.

Veiller à activer la sécurité des portières et des fenêtres.

Si malgré toutes ses stratégies face à des troubles du comportement, pouvant nuire à la sécurité, ces derniers persistent, des aménagements du véhicule peuvent être nécessaires : harnais, siège auto adapté, installation de plaques séparatrices dans l’habitacle, dispositif anti-détachement… Des aides financières peuvent être accordées pour l’achat de ce type de matériel par la MDPH, grâce à la PCH - aides techniques.

Pour les enfants autistes non verbaux, en cas d’accident ou de contrôle de police, il est possible d’utiliser un manchon de ceinture sur lequel il est inscrit que l’enfant est autiste non-verbal, ainsi que des consignes en fonction des besoins de l’enfant. Un autocollant « enfant autiste à bord » peut également être utilisé.

Travailler en amont avec un professionnel

Un éducateur spécialisé, un psychologue formé à l’autisme, ou un ergothérapeute peuvent aider à mettre en place un programme personnalisé de réduction des troubles du comportement et/ou d’entraînement aux trajets.

Visualisez la petite vidéo : Deux Minutes pour Mieux Vivre l'Autisme - "Préparer un voyage en voiture avec Emy".

Pour les professionnels du transport adapté

Les conseils à destination des parents pourront vous aider également.

Travailler en collaboration avec la famille et les professionnels qui accompagnent l’enfant. Cela sera nécessaire pour identifier les renforçateurs à utiliser, comprendre le fonctionnement sensoriel de l’enfant, ainsi que pour adapter le mode de communication à son niveau de compréhension.

Avoir dans le véhicule et à portée de main des enfants les outils de communication s’il y en a. Les règles de sécurité doivent être accessibles. Il est possible de disposer des pictogrammes dans l’habitacle (interdiction de lancer des objets, de se détacher, de bousculer les autres…).

En cas de non-respect des consignes, éviter de crier. Cela peut renforcer le comportement qui sera alors répété, ou déclencher d’autres comportements inadaptés voir une crise. Garder une neutralité dans l’attitude et dans la voix et réexpliquer, avec des mots simples et des phrases courtes, les règles. Un contrat à économie de jetons avec renforçateur à l’arrivée peut également être utilisé pour renforcer les bons comportements.

Disposer d’un sac d’objets sensoriels pour apaiser et occuper les enfants. Ces derniers peuvent également être utilisés comme renforçateurs de bons comportements.

Ne pas laisser un comportement inadapté s’installer et en parler immédiatement à la famille et aux professionnels pour être accompagné dans la recherche de solutions adaptées.

Pour aller plus loin.